Somaya Abdel Moneim se distingue par son énergie et sa création littéraire. Elle est nouvelliste, poétesse qui écrit en dialecte égyptien et journaliste au quotidien Al-Wafd. Elle nous a surpris en lançant son initiative ''Coronavirus n'est pas honte'' et sa capacité à inviter tant d'écrivains et d'académiciens à y participer. Elle a obtenu sa licence ès arts en 2002, département de langue arabe, Université d'Ain Shams, diplôme général d'éducation en 2003. Elle est maintenant chef du département de la pensée et de la créativité sur l'ancien site Web d'Al-Wafd. Elle a présenté 4 ouvrages à la bibliothèque arabe, deux recueils de nouvelles: Fol amour, publié par Dar Kutbkhana en 2016, dans lequel elle a abordé la littérature du crime, recherchant les motifs psychologiques et sociaux qui poussent les uns à commettre des crimes. Elle a réussi à exprimer un contexte dramatique différent de la réalité. L'an 2018 a témoigné de son ''Désir'', publié par la Bibliothèque arabe pour l'édition et la distribution, dans lequel elle a abordé de nombreux problèmes dont souffrent les femmes dans une société virile et masculine. Quant à sa poésie, elle a écrit son recueil ''Fenêtres'', publié en 2019 par la Maison de la Bibliothèque arabe pour l'édition et la distribution et enfin "Haneen" (Envie), Maison des intellectuels arabes, qui renferme des poèmes lyriques écrits en dialecte égyptien, oscillant entre tristesse, envie et douleur.
De son recueil Désir, j'ai choisi une nouvelle intitulée Zobayada, la dame de Rosette que le poète égyptien Ali El Garem a abordée dans son seul roman "Ghadet Rashid". Selon notre nouvelliste, celle-là a été obligée de se marier avec Menou, le successeur de Kléber pendant l'expédition d'Egypte 1798-1801. On choisit ce morceau où l'héroïne adresse ses paroles à son mari français: "Mais tu m'as forcée à sortir avec ton fils d'Egypte et à voyager en France, fuyant, effrayé, perdu ... et maintenant tu me quittes et tu abandonnes ton fils et tu es le gouverneur d'une des provinces de ce pays. Que devrait faire une femme seule comme moi dans un pays comme l'Italie et personne ne m'aide? (…) Elle l'a dit dans une dernière tentative pour trouver sa compassion, car elle avait peut-être pensé que les restes de son humanité pourraient sauver son humiliation, mais elle s'est rendue compte qu'un homme qui avait volontairement choisi d'abandonner sa femme et son fils et avait giflé en face la porte de sa miséricorde, ne pouvait pas tenir entre ses côtes un cœur comme le nôtre.
Dans sa nouvelle Les autres, Somaya n'a cessé de s'attaquer avec acharnement à la société virile qui ne voit dans la femme qu'une séduction. Nous avons vu l'héroïne qui a fermé sa porte et s'est tenue devant le miroir en regardant ses seins, se demandant: Combien de temps resterez-vous une raison pour laquelle les yeux des autres me poursuivent ... les femmes, les jeunes et même les enfants. Sa question n'a pas duré longtemps, elle a été complètement dépouillée de ses vêtements et a jeté un regard à ses petits seins, puis elle a attrapé l'un des foulards, l'a plié, puis a entouré ses seins et attaché les extrémités sur son dos, le rétrécissant de plus en plus jusqu'à ce que ses seins soient de niveau avec ses épaules ... et c'est ainsi qu'ils ont complètement disparu. Une fin expressive, le harcèlement a poussé la jeune fille à renoncer à sa féminité.